LE LETTRISME

LES THÉORIES DU LETTRISME

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LE CINÉMA

 

 

Isou définit la période amplique comme la phase d'expansion des techniques et des thématiques du cinéma depuis son origine jusqu'aux réalisations surréalistes. Sur le plan technique on invente la caméra puis on perfectionne son optique. Au niveau du thème, les cinéastes abordent tous les sujets de manière quasi encyclopédique (historique, burlesque, western, épouvante).

Isou rend hommage à tous ces auteurs qui ont innové dans le cinéma : les frères Lumière, Méliès, Griffith, Chaplin, Clair, Eisenstein, Von Stroheim, Flaherty, Bunuel et Cocteau. Cependant, Isou veut rompre définitivement avec cette phase amplique. Selon lui, pour permettre au cinéma de se renouveler, il faut que celui-ci se replie sur ses propres apports passés.

 

Ce nouveau cinéma appelé ciselant détruit ses bases référentielles pour révéler des beautés destructrices et d'anéantissement. Pour cela, Isou démantèle le synchronisme du son et de l'image et intervient directement sur la pellicule pour la nier, la détruire puis l'oublier. Après des réalisations sur pellicule, les lettristes poseront donc la question suivante : peut-on faire des films sans pellicule ?

Avec le Traité de bave et d'éternité, présenté au Festival de Cannes en 1951, Isou invente le montage discrépant qui a pour principe la disjonction du son et de l'image. Il les traite de manière autonome comme deux colonnes indépendantes et pures sans aucune relation signifiante.

La colonne sonore s'ouvre avec des improvisations de chœurs lettristes « en boucles » sur lesquels se mêle une histoire d'amour enchâssée dans un manifeste pour un nouveau cinéma.

La colonne visuelle possède également sa propre structure narrative en présentant une succession d'images banales : Isou errant sur le boulevard Saint-Germain, des fragments de films militaires récupérés dans les poubelles de l'armée française, des exercices de gymnastiques, Isou en compagnie de personnalités (Cocteau, Cendrars…).

L'autre travail sur l'image porte sur la ciselure des photogrammes. Isou intervient, gratte, peint directement sur la pellicule. Le montage discrépant et la ciselure annoncent la mort d'une certaine idée du cinéma.

Dans la revue Ion (1952), Isou publie son Esthétique du cinéma. Par sa volonté destructrice, il annonce la mort de la réalisation cinématographique qui doit laisser place au film-débat, c'est-à-dire aux échanges entre les spectateurs dans un débat constructif puis destructif à propos de cet art.

 

Isou poursuit son bouleversement cinématographique avec Amos ou Introduction à la métagraphologie, en 1953, le premier film hypergraphique de l'histoire. Comme le film-débat précédemment, Amos renonce définitivement à la pellicule. Présenté sous la forme d’un livre, ce film est composé d'une succession de 9 photographies rehaussées de signes peints relatant une journée de la vie d'Isidore Isou, donnée en regard d’un texte philosophique en rapport avec la métagraphologie, première dénomination de l'hypergraphie.

Le cinéma hypergraphique se définit comme un nouveau langage composé de l'intégralité des signes sonores et visuels (lettres, phonèmes, idéogrammes). Il s'agit d'un nouveau cinéma organisé selon les lois organiques de l'amplique. Dans sa phase ciselante, cet art s’intériorisera pour nier ses apports premiers et aboutir, finalement, à leurs anéantissements.

 

Dépassant ensuite le monde des signes concrets de l'hypergraphie, Isou invente un système de notation basé sur des signes imaginaires définis comme des éléments infinitésimaux. Il s'agit de donner naissance à des réalisations conceptuelles que le spectateur met en place mentalement par l'intermédiaire d'une proposition ouverte (phrase, énoncé, image).

Différent de nature, le cinéma supertemporel, invite le spectateur à participer à la construction de films à travers la mise à disposition de supports vierges. Contre l'auteur unique, cette expression s'ouvre à la liberté totale du public sans limitation de durée dans le temps.

 

Dans son Manifeste de l'Excoordisme ou du Téïsynisme mathématique et artistique (1991), Isou élargit l'art infinitésimal pour embrasser les extensions et les coordinations concrètes et vastes des infiniment grands et des infiniment petits. L'Excoordisme considère l'au-delà de l'imaginaire, c'est-à-dire « l'inimaginable comme étant divers et varié, dans les expressions de ses contenants et de ses contenus ».

 

Éric MONSINJON

 

 

Sélection bibliographique d'Isidore Isou :

 

Esthétique du cinéma (Ion, 1952 ; UR, 1953).

Préface (au Film est déjà commencé de Maurice Lemaître) (André Bonne, 1952).

La création cinématographique et les nouvelles vagues (Poésie Nouvelle n° 10, 1960 ; Lettrisme n°

Une longue suite de crimes (découpage de film, 1964).

9 films polythanasiques, esthapéïristes et supertemporels (1960-1972) (Ligne Créatrice, n°15,1973).

Le Combat contre les créateurs (Film) (Centre International de Séjour, 1973).

Contre les erreurs du cinéma différent (La Novation, n°3, 1976)

Les partouzes de la Messaline moderne, sous l’œil méprisant du marquis de Sade, sorti progressivement de l’enfer de la Bibliothèque Nationale par nos grands précurseurs et placé par Isidore Isou dans le paradis du dieu créateur (Publications Psi, 1979)

Contre le cinéma situationniste néo-nazi (éd. GB/NV/MB, 1979)

Traité de bave et d’éternité (Éd. H-C et D’Arts, 2000)

Note sur « Evoluons (encore un peu) dans la création et le cinéma » de Roland Sabatier (Éd. Psi, 1983)

Encore six films d’avant-garde (1967-1978) : Nous avons le plaisir de vous annoncer la mort de... ; Documentaire sur Sonia Delaunay ; Quelques observations sur les peintres surréalistes ; Critique de Jean-Paul Sartre ; Contre un ex-créateur devenu porc ; Questions et réponses. Editions EDA, 1984

Différence entre le cinéma abstrait et le cinéma lettriste (Psi, 1986).

Critique de la dialectique falsificatrice dans l’évolution moderne du 7e art (Contre les escroqueries du « syn-cinéma », de l’ »anti-concept » et du « cinéma nucléaire » (Publications EDA, 1991).

 

 

Sélection filmographique d'Isidore Isou :

 

Traité de bave et d’éternité. Film ciselant en n. et  b. 35m/m, sonore.120’. Avec Marcel Achard, Jean-Louis Barrault, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Danièle Delorme, Daniel Gélin, etc. Production Marc Gilbert Guillaumin. Présenté le 5 juin 1951 au cinéma Alexandra.

Film-débat. Sans pellicule, discussions dans la salle. Réalisé au Musée de l’Homme en 1952.

Amos ou Introduction à la métagraphologie. Film hypergraphique. Diapositives et son dans la salle. Publié Éd. Arcanes, 1953. Version réalisée en 8m/m n. et bl., sonore, Production EDA, 1985.

Le film sup ou la Salle des idiots. Film supertemporel. Installation. Durée variable. Présenté à la galerie-librairie l’Atome, mai-juin 1960.

Débats sur le cinéma. Film supertemporel. Sans pellicule, installation. Durée variable. Présenté à la librairie-galerie L’Atome, mai-juin 1960.

L’Auberge espagnole. Film supertemporel à provocation simple, simple-inversée, double et polyvalente. Dispositif, sonore. Durée variable. Présenté à La Maison du Spectateur, le 2 février 1965.

La Novation cinématographique infinie. Film supertemporel. Dispositif. Durée variable. Présenté à la Comédie de Paris le 21 Novembre 1965.