LE LETTRISME

LES THÉORIES DU LETTRISME

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LA POÉSIE / MUSIQUE

 

 

Issues, à l’origine, d’une source commune, la poésie et la musique se sont constituées de manière autonome, comme l’art des vers et comme l’art de combiner les sons en hauteur, ou les notes.

 

Le Lettrisme constate l’épuisement et la banalisation, d’une part, de l’organisation stylistique des mots dans la poésie, avec Mallarmé et Tzara ; d’autre part, l’épuisement et la banalisation de l’organisation des notes dans la musique, avec Stravinsky et Satie.

 

Dans Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique (1947), Isidore Isou propose un élément sonore neuf, plus pur et plus profond que les précédents : la lettre alphabétique, complétée par les bruits productibles par l’homme tout entier, considéré comme instrument.

Le lettrisme est l’art fondé sur l’organisation des lettres ou des phonèmes, considérés dans leur pureté même, non-conceptuelle.

Le matériel inédit, exprimé sur une même hauteur, retrouve le cri originel, source commune de la poésie et de la musique et fonde l’expression unique de la dimension auditive de l’art.

Le domaine de la lettre alphabétique s’avérait d’emblée riche de possibilités d’expressions demandant à être explorées, à partir des cadres des territoires anciens ou en de nouveaux cadres, dans l’ensemble des secteurs ampliques et ciselants, conscients, automatiques et destructeurs.

Dans le cadre de la phase d’approfondissement, le monolettrisme, dont le manifeste est paru en 1955, épure l’ensemble lettrique et le décompose jusqu’à se contenter d’un phonème unique, torturé par la diversité rythmique.

En séparant intégralement l’expression phonétique, d’une part, de la poésie à mots et, d’autre part, de la musique à notes, en transformant cet ordre neuf en une structure irréversible, en lui dédiant des manifestations indépendantes et des œuvres nombreuses, l’école lettriste devait constituer la plus importante école lyrique surgie depuis le surréalisme.

 

Au-delà du lettrisme sonore, la poésie et la musique aphonistes, proposées en 1959, est le domaine formel de la récitation inaudible ou silencieuse.

 

Dans Introduction à une esthétique imaginaire ou Mémoire sur la particule infinitésimale (1956), Isidore Isou dévoilait la forme infinitésimale ou esthapéïriste (de esth : esthétique ; et apeiros : innombrable ou infini) qui ouvrait à la versification un univers inédit, plus riche encore que celui, déjà illimité, proposé, auparavant, sur le plan sonore, avec le lettrisme.

Il suffit d’imaginer le « franchissement de l’élément, pour que celui-ci cesse d’être considéré comme immuable et devienne une valeur passible de changement, c’est-à-dire inédite ». De là, et par analogie avec Leibniz et Newton, les données concrètes de l’art se dépassent dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit, pour se retrouver, dans l’insaisissable, sous la forme de virtualités.

L’ esthapéïrisme – l’art imaginaire ou infinitésimal – est composé de particules imaginaires, obtenues à l’aide de moyens indifférents en eux-mêmes, dépourvus de leurs sens immédiats, et acceptés autant qu’ils permettent d’imaginer d’autres éléments inexistants ou possibles. En se posant, par le biais de la notation-tremplin, le problème de la perception au-delà du concret et de l’imaginaire, l’esthétique nouvelle devait se préoccuper, sur un plan artistique, de la mutation des sens, qui établit la substitution d’un organe à un autre, de la télesthésie, ou de la sensation à distance, et, tout particulièrement, de la création de sens inédits, inconnus à ce jour.

À partir de données accessibles, qui en caractérisent, à la fois, le fonctionnement et la notation, les œuvres infinitésimales sont proposées pour susciter chez les amateurs des élaborations mentales, incarnant les potentialités innombrables, toujours fuyantes et sans cesse changées, de beautés intériorisées. Car, si c’est bien à partir de formes objectives, déterminées qui, en premier lieu les suggèrent, que ces œuvres se présentent, c’est surtout au-delà d’elles, très exactement dans l’originalité pure qu’elles se réalisent.

C’est donc une communication sensorielle, différée, transposée ou substituée, essentiellement et perpétuellement projetée dans la dimension imaginaire, que la poésie et la musique infinitésimales proposent et souhaitent établir. L’ esthapéïrisme, ou la forme infinitésimale, sera étendu par la suite à l’ensemble des arts.

Sur le plan strict des moyens de réalisation ou de l’infra-structure méca-esthétique, dont tout art a besoin pour fonder ses éléments, notamment en ce qu’elles sont explicitement ouvertes à l’avenir, les œuvres de l’art infinitésimal dépassent le temps, pour se développer, se contredire, se modifier dans un inachèvement sans fin, en intégrant continuellement l’ensemble des valeurs médiatisées par les interventions de ses publics présents et futurs. Ce fondement neuf, littéralement transfini, est le cadre super-temporel.

Déjà, dans Esthétique du Cinéma (1952), et par des accomplissements fondés sur le débat, homologués à cette époque au Musée de l’Homme, Isidore Isou proposait, pour la première fois dans l’art, l’intervention du spectateur dans l’œuvre ou l’œuvre réduite à la seule manifestation des participants ; secteur dont il fixera le caractère indépendant, distinct par rapport aux matières formelles, et à partir duquel il concevra le cadre super-temporel, fondé exclusivement sur l’accomplissement spécifique, infini et authentique du public.

Avec ce cadre neuf, défini dans L’ Art supertemporel suivi de Le Polyautomatisme dans la méca-esthétique (1960) et étendu à l’ensemble des arts, la forme esthapéïriste se voyait complétée par une mécanique ou un support de même nature, offrant aux participants des cadres formes vides, non travaillés, pour que ces participants puissent eux-mêmes, leurs amis ou leurs successeurs, les compléter, les recommencer, les abandonner ou les reprendre à nouveau, indéfiniment, durant des siècles et des siècles, en intégrant les valeurs les plus progressistes des domaines de la connaissance, et, notamment, les apports du Lettrisme, dans l’ensemble des branches philosophiques, scientifiques, techniques et artistiques du Savoir et de la vie.

 

Roland SABATIER

 

 

Sélection bibliographique d'Isidore Isou :

 

Manifeste et appendice à la Dictature Lettriste, n° 1(1946).

Introduction à une Nouvelle Poésie et une Nouvelle Musique (Gallimard, 1947).

Lettre à Combat (1947).

Qu'est-ce que le lettrisme? (Fontaine, 1947).

Réflexions sur M. André Breton (éditions lettristes, 1948 ; Al Dante, 2000).

Précisions sur ma poésie et moi (Escaliers de Lausanne, 1950, et Editions Al Dante, 2000).

Deux anthologies de poésie et le Système de Notation pour les lettries de M.L. (UR n° 3, 1953).

Le Néo-Lettrisme (dans Enjeu n° 2, 1954).

Le Néo-Lettrisme (II) (dans Front de la Jeunesse n° 2, 1955).

Le Manifeste du Mono-Lettrisme (dans Enjeu n° 3, 1955).

Non, l'art d'avant-garde... (Arts, 1956).

Pour un bilan lettriste (Front de la Jeunesse n° 7, 1956).

Petite mythologie lettriste (Front de la Jeunesse n° 8, 1956).

Note sur les moyens d’existence des poètes (Front de la jeunesse, n°3, 1956).

Note supplémentaire sur l'originalité du lettrisme isouien (Front de la Jeunesse n° 10, 1956).

Les minus Drouet et les génies de la poésie moderne (Poésie nouvelle n° 2, 1958).

Le néo-lettrisme (III) : l’ultra lettrisme n’est que du sous lettrisme (Poésie nouvelle, n°8, 1959).

15 poèmes qui prouvent la diversité du lettrisme (Revue lettriste n° 1, 1959).

5 poèmes hyper-lettristes et infinitésimaux (Séquences, 1959).

Vladimir Maïakovski : le génie au-delà des étiquettes politiques (Paris-Théâtre, n°144, 1959).

Essai sur le rythme intégral et infinitésimal (Poésie Nouvelle, n°9, 1960).

Notes pour un Traité de Poétique (Poésie Nouvelle n° 6 à 12, 1959-1960).

2 Poèmes (Encyclopédie Poétique I : La Femme, Jean Grassin, 1960).

Contre la «mégapneumie» (Nouvelle génération n° 1, janvier-février 1962).

Les Grands poètes lettristes ou du lettrisme à l'aphonisme (Bizarre n° 32-33, 1964).

Préface à Lettries ronflantes de Roland Sabatier (éd. Psi, 1964).

Présentation du lettrisme, suivie de Chapitres et colonnes polyautomatiques lettristes (Encres vives, 1964).

Le Méta-poète (Arguments lettristes n° 1, 1964).

Le Lettrisme en 1965 (Identités n° 11-12, Nice 1965).

Improvisation sonore en forme de pomme (ELH, n°4, 1966).

Œuvres aphonistes (Paris, 1967).

À propos d'un spectacle sur la poésie de Baudelaire au lettrisme et à l'esthapéïrisme (Lettrisme n° 10, 1970).

Les notes, les lettres et les silences et Deux poèmes (La Revue Musicale n° 282-283, 1971).

Remarques envoyées à un ami pour un spectacle sur la poésie du Moyen Âge (Ligne Créatrice n° 2, 1971).

Dix Improvisations lettristes (Ligne Créatrice n°5, 1971).

Critique de la musique de John Cage à Xénakis (Ligne Créatrice n°5, 1971).

Les erreurs de PP. dans le lettrisme... et Note contre le dernier lexique lettriste (Ligne Créatrice n° 6, 1972).

30 juin (poème lettriste polyautomatique) (Collection PSI, 1972).

Les véritables créateurs et les falsificateurs de Dada, du surréalisme et du lettrisme (1965-1973) (Lettrisme,n° 16-20, 1973).

2 poèmes, suivis de Explications sur le mono lettrisme, la mono hypergraphie et le mono esthapéïrisme (Ligne créatrice n° 18, 1973).

La Belle de Chatou - poème - (Ligne créatrice n° 21-24, 1974).

De Verlaine au Futurisme (Lettrisme n° 34-36, 1974. Trad. italien Ancora n° 1, 1976).

L' Apport créateur et les escroqueries de T. Tzara (La Novation n° 1, 1276).

Pour en finir avec les articles trompeurs (Lettrisme n° 10-12, 1976).

Poèmes lettristes polythanasiques (La Novation n° 5-6, 1977).

Œuvres esthapéïristes - Salle Gaveau (La Novation n° 5-6, 1977).

Nouveaux poèmes aphonistes et infinitésimaux (La Novation n°13-20, 1979-1980.

Poèmes lettristes, aphonistes et infinitésimaux (1981-1984) (Publications Psi, 1984).

Concerto pour œil et oreille (l’Inéditeur, 1985).

Suite baudelairienne (L’Inéditeur, 1985).

Pour et contre B. (Portland, 1987).

Contre l’internationale situationniste (Éd. HC-D’Arts, 2000).

La Créatique ou la Novatique - 9 tomes - (Bibliothèque Nationale, 1976-1977, et Editions Al Dante-Léo Scheer, 2005).

Mes définitions de l’œuvre de Jean Cocteau (A Dante , 2000).

Isidore Isou, entretien avec Roland Sabatier (La Termitière, n°8, 1999-2000).

 

 

Sélection discographique d'Isidore Isou :

 

M.L. présente le lettrisme (1 poème)(Pathé-Marconi, 1958).

L’autonomatopek 1-2 (Opus, 1973).

Musique lettriste : Symphonie n°1 (1947) ; Tango (1947) ; Swing (1947) ; Valse (1947) ; Symphonie n°3, 1998). CD, Al Dante, 2000

Poèmes lettristes (1944-1999). Disque vinyle 33T Alga Marghen, Milan, 1999.

Juvenal (Symphonie n°4), 2001, CD, éd. Al Dante, Paris, 2004.